Les maris candaulistes possèdent de nombreuses facettes à leurs personnalités, riches et contrastées, trop rarement explorées. Voici une esquisse de découverte de ces facettes.
Janus,
Pour mes voisins, je suis un quadra souriant
Qu’ils croisent tous les jours, marchant nonchalamment
Dans les rues du quartier. Un mari et un père
Attentionné dans un foyer plutôt pépère.
Pour mes collègues, je suis l’adjoint efficace
Dont ils apprécient les intuitions perspicaces
Lors de ces réunions, si souvent inutiles.
Pour ma famille, je demeure un peu futile,
L’éternel Zébulon, perdu dans ces nuages.
Et pourtant, vous devriez connaître l’adage
Qui apprend qu’il faut se méfier de l’eau qui dort.
Dans vos idées préconçues, vous avez tous tort.
Ah si vous saviez qui je deviens par moments !
Vous seriez effarés, frêles agneaux tremblotants
Dévorés par un loup aux idées libertines.
Lors de certaines nuits, ma couronne d’églantines
Est remisée. Je me vêts de noir et de feu
Diablotin épique, pour, excusez du peu,
Me sentir tantôt Casanova tantôt Sade.
Mon esprit en transhumance bat la chamade,
En s’extrayant de son enveloppe charnelle.
Je ne suis plus moi mais un autre qui appelle,
Pour un lubrique sabbat des mâles en rut,
Qui se reconnaîtront dans le grand Belzébuth.
Que de fois, devant vous, à votre insu, j’ébauche,
Me moquant en silence, des plans de débauche !
Vous me reléguez dans la « nef des fous » de Bosch,
Mari et père vicieux que la folie fauche ?
Mais bonnes gens, vous ignorez le plus précieux,
Le joyau pur de la couronne de mes jeux.
La femme de ma vie, plus que jamais épanouie,
Participe ardemment à ces raouts, ravie.
Oui je l’ai convaincue de devenir ductile
Aux sexes que d’autres mâles agitent, vrais psylles.
J’accorde du crédit à ces nobles valeurs
Qui voient un couple amoureux, transporté d’ardeurs,
Traverser vers la rive opposée du miroir,
Pour recueillir les frissons sexuels du grand soir.
Vous ne voyez en nous que la lubricité
D’un couple dépravé. Et votre cécité
Vous empêche de comprendre l’altérité
Dans notre définition de la volupté.
J’aimerais tant que pour partagiez nos élans
Vitaux lorsque nous sommes avec nos amants ;
Que vous appréciiez notre géométrie
Libertine, admirable trigonométrie.
Comme vos esprits ne peuvent saisir ce monde,
Restez donc en surface, sur l’écume de l’onde.
Mon âme dédoublée retrouve à chaque fois
Le corps anodin qui lui a donné sa foi.
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