Le sourcier,
DouSSeur était désespérée.
« Voici des jours qu’il ne pleut plus.
Je suis tellement desséchée,
Craquelée, qu’il n’est pas exclu
Que ma peau devienne un désert
Sans l’aide d’un sourcier expert.
Mais où puis-je trouver cet être
Béni ? Où va-t-il apparaître ?
En existe-t-il seulement
Un seul qui, par son truchement,
Fera reverdir ma prairie,
Remplira ma source tarie ? »
Alors qu’elle se morfondait,
Son vœu allait être accordé.
Posté nu au bout d’une branche,
Un grand gaillard doté d’un manche
Dont la taille le complexait
Fort, se contentait de fixer,
Benoîtement, et sans raison,
De ses yeux d’enfant l’horizon.
Dès qu’elle le vit, dame DouSSeur
S’exclama : « Voici mon sauveur ! »
De ses yeux coquins et roués,
Elle sut comment se jouer
De cet homme contemplatif.
« Ce beau luron est si naïf
Que je vais le croquer tout cru. »
Songea la friponne assoiffée.
Elle lui dit pour le gaffer.
« Bel Adonis, toi si féru,
Des richesses de la Nature,
Aide-moi ! Ne fais point injure
Aux Dieux ! Que ta noble mentule
Abolisse la canicule,
Et pourvoit par son lait sapide
Mon si grand besoin de liquide ! »
L’Apollon, qui s’appelait B,
Devant ces mots fut bouche bée.
La diablesse avait sciemment
Usé de propos aisément
Perturbants pour le beau sylvain.
Hardie, elle le prit dans sa main
La baguette de coudrier,
Viril attribut du sourcier,
Et l’agita avec vigueur,
Drûment, sur toute la longueur.
Tous ses efforts firent jaillir
La blanche liqueur du plaisir.
DouSSeur fut dûment arrosée
Par B, lui, enfin déniaisé.
Moralité, chaque mentule
Réjouit la femme et la macule.
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